Je profite de ce billet pour étrenner une nouvelle catégorie, honteusement paraphrasée du maître Desproges, et qui contiendra essentiellement des coups de gueule et autres réflexions assassines sur ce monde et ce qui le compose. Car votre serviteur est une sorte de misanthrope, associal, élitiste dans le choix des personnes qu'il daigne cotoyer.
Je suis parfaitement conscient de ce que cette phrase peut avoir de prétentieux, et pourtant j'assume : Je ne ressemble à aucun autre être humain, et j'espère qu'il en va de même pour vous (un brin d'optimisme subrepticement caché dans un pluriel) lecteurs.

Mais venons-en au fait et entrons dans le vif du sujet.
J'en vois qui s'agitent, là au fond, et je pense savoir pourquoi. Vous vous demandez "Mais pourquoi diable ouvre-t-il une catégorie se voulant ouvertement cassante avec le sujet de l'amitié ? L'amitié n'est-elle pas un sentiment englobant un groupe de personne avec lesquelles on aime être, à qui l'on fait confiance ? N'est-ce pas le plus beau sentiment du monde après l'amour ? Pourquoi chercher à réflechir sur cette interaction bénéfique de personnes alors même qu'il se prétend élitiste dans leur choix ?"
Oui, certes.
Mais.
Je ne débattrai pas des positions relatives de l'amour et de l'amitié. Elles changent selon les individus, et chez chaque individu, selon les saisons, les humeurs et, surtout, les trahisons. En revanche, ce sur quoi je tiens à mettre un coup de projecteur, c'est sur cette fameuse interaction bénéfique. En effet, l'amitié, comme toute interaction, engage les 2 partis (Le sujet, et son ami), or il se trouve que souvent, le degré d'affection n'est pas réciproque. Ce qui n'est pas gênant en soi, mais qui peut amener l'un ou l'autre des protagonistes à trahir et décevoir son ami. Un excellent proverbe dit qu'on ne connait ses amis que dans l'adversité. C'est on ne peut plus vrai, tant profiter d'une relation saine est plus simple que de chercher à l'assainir en cas de problème. Il reste aussi que chaque personne garde au fond de lui une zone d'ombre, qu'on ne perce que rarement à jour, qui bien sur remonte parfois un peu à la surface et se laisse entrevoir, mais qu'on ignore la plupart du temps.

Ce billet m'a été inspiré par plusieurs expériences. Il y a celui que j'ai hébergé, que j'ai nourri, avec qui j'ai partagé des galères et des joies, que j'ai aimé comme un frère et qui, suite à un passage à vide dans ma vie coïncidant avec son concubinage, part simplement sans laisser d'adresse ni de numéro de téléphone. Ou celle qui, suite à une rupture en bonne entente, ne voulait en fait rester mon "amie" que par pur interêt vénal. Ces gens que j'ai cotoyé pendant des années, que je pensais connaître et qui m'ont déçu et blessé, ce sont des amis. Toujours. Car leur souvenir reste très vif, et leur trahison comme une marque au fer rouge.

Mais au fond, n'est-ce-pas ça la caractéristique de l'amitié ? Accorder sa confiance aveuglément à une autre personne qu'on ne connaitra jamais réellement, c'est dangereux. Et c'est ce qui la rend indispensable.

De toutes façons, un indice impensable, ça ne se rencontre que chez Agatha Cristie.